François 1er (1515-1547) occupe avec Henri IV et Louis XIV une place particulière dans l'imaginaire des Français. Le roi-chevalier renvoie l'image d'un souverain aimant les femmes, les fêtes, les châteaux magnifiques, les Beaux-Arts et les Belles-Lettres. Le public garde en mémoire la date de Marignan, 1515, et prend plaisir à visiter Chambord et autres châteaux des bords de Loire. L'homme politique semble bien oublié dans cette histoire. Or, François 1er renforça l'administration monarchique et affirma une autorité qui devait s'imposer à tous. Avec lui s'exprima une politique menée sous le signe de la «raison d'État». Certains historiens parlent de la naissance d'un premier absolutisme. François 1er s'efforça également d'affirmer l'indépendance du royaume de France face aux ambitions hégémoniques de Charles Quint en Europe, quitte à s'allier avec des princes allemands protestants et avec l'Empire ottoman. François 1er ne fut donc pas seulement un roi «léger et superficiel» mais ce fut aussi un roi de France qui eut une haute idée de la fonction royale.C'est cet aspect du règne de François 1er qui se trouve au cœur de la biographie proposée, sans oublier, bien sûr, le «beau prince de la Renaissance».
L’imposante stature de Charlemagne plane sans fin sur une Europe en quête d’unité, héros de légende sorti de la sombre forêt germanique, il s’imprègne de la chaude lumière de Rome et de la légitimité sacrée pontificale. Enfermant sa mère, bousculant Aquitains et Bavarois, il rompt avec la politique traditionnelle des Francs pour réaliser la synthèse entre le nord et le sud de son immense royaume. La réalisation s’appuie sur une force armée d’intervention rapide contre les Saxons, les Slaves et les musulmans d’Al-Andalus et combine l’esprit de méthode du droit et de la gestion administrative pour asseoir un projet de paix et de sécurité pour une société chrétienne, inspiré de s. Augustin. La mise en œuvre repose sur une solide équipe de conseillers : Fulrad, le diplomate ; Chrodegang, le liturgiste ; Alcuin, le maître d’école et Angilbert, l’éternel et fidèle compagnon. La dynamique de groupe est celle de la jeunesse et de femmes cultivées et séduisantes. Le cadre est celui du somptueux palais d’Aix-la-Chapelle avec les marbres italiens, les mosaïques de Byzance et les étonnants cadeaux d’Haroun-al-Rashid, l’art des bains et d’un savoir vivre mesuré à l’aune de la bonne bière houblonnée.Les embûches furent nombreuses : un état de guerre de trente ans en Saxe, les complots des aristocraties attachées au passé, y compris au sein du palais, les hérésies, les malversations et détournements de fonds publics, les famines et épidémies, enfin les dernières années sont assombries par les décès successifs des héritiers. Tout cela conduit Charlemagne à ce questionnement angoissé récurrent : « Sommes-nous vraiment chrétien ? » et laisse son entourage surpris par sa mort le 28 janvier 814.L'auteur se propose ici de déconstruire les mythes et les légendes pour découvrir dans ses profondeurs la réalité historique d’un personnage hors du commun.
Ces deux noms évoquent un des couples les plus romantiques et dramatiques de l’Histoire de l’Égypte ancienne. La souveraine devenue une icône de beauté et la glorieuse éminence grise d’un règne révolutionnaire. Le souverain pourvu d’un physique quasi extraterrestre et d’un intellect insaisissable, a été réclamé par toutes les idéologies modernes. Il est décrit comme un penseur de la plus haute élévation ou un crétin malingre, un adepte de la paix universel ou un tyran totalitaire du pire acabit. Mais, au-delà de ces jugements de valeur modernes peu fiables, que nous en disent véritablement les traces laissées par cette période passionnante ? Si les sources sont innombrables, très peu sont datées de façon exclusive. Écrire une biographie des deux souverains s’avère presque impossible.Cet ouvrage s’attache à décrypter l’ensemble des traces historiques connues en les rattachant à un contexte global. Akhénaton y redevient le plus puissant potentat du Proche-Orient de l’Âge du bronze, chef de tribu magnifié par le mythe qui tente de redorer le blason d’une royauté égyptienne essoufflée, déjà vieille alors de deux millénaires. Quant à Néfertiti, loin de se contenter d’être une reine de beauté, des éléments tendent à prouver qu’elle devient elle-même Pharaon, à l’instar de son époux, pour former avec lui un couple royal divin d’essence lumineuse et solaire.
« Communique, Envoyé, ce qui est descendu sur toi de ton Seigneur »Telle est la mission extraordinaire qui, au VIIe siècle, est ordonnée à Mahomet, le futur initiateur de l’islam. Orphelin de père, marié à une riche veuve, Khadija, doté d’un statut social peu flatteur au sein de sa tribu d’Arabie, Mahomet accepte d’obéir à son Dieu, mais se heurte vite au refus des Mekkois qui refusent d’adhérer au message divin qu’il leur transmet. Banni de La Mekke, réfugié à Médine, sa démarche se fait alors plus politique. Sa personnalité exceptionnelle s’y déploie dans toute sa complexité, en ombre et en lumière. Mahomet nous apparaît comme un personnage plein de contradictions, à la fois passionné et méditatif, admiré par quelques compagnons, un sensuel sachant dans l’intimité faire preuve d’indulgence, un ambitieux autoritaire, un génie politique, toujours menacé d’être trahi, un combattant parfois impitoyable avec ceux (ou celles) qu’il a vaincus. Exténué, il meurt, en 632, dans les bras de sa préférée, Aïcha, tandis que ses Compagnons ont déjà leur regard tourné vers l’avenir, chacun d’eux prétendant lui succéder au plus vite dans un contexte tribal et religieux mal assuré. Pour s’approcher de la réalité historique, l’auteur de cette biographie a tenu à s’appuyer sur le Coran et la tradition musulmane, interprétés à la lumière des récents travaux issus de l’anthropologie historique. Au fil de leur lecture, certains lecteurs et lectrices se questionneront peut-être sur la légitimité du portrait sacralisé et mythifié de Mahomet que le califat abbasside a commandé au IXe siècle pour nourrir la foi de tous les musulmans.
Reine, elle abdique. Luthérienne, elle se convertit. Femme, elle s’habille en homme. À partir de ces trois « étrangetés », une historiographie – volontiers mensongère – a portraituré sa biographie au point d’en faire une caricature dénaturant complètement le personnage. On l’appelle souvent la Reine des transgressions alors qu’elle est plutôt la Reine des paradoxes.Reine à l’âge de 6 ans à la mort au combat de son père, Gustave-Adolphe le Grand, se trouve enfant à la tête d’un royaume qui devient une puissance en Europe grâce à ses mines de cuivre et de fer. Elle abdique, célibataire et sans enfant, en 1654, à 28 ans, en faveur d’un cousin. Cependant Christine ne renonce pas complètement au pouvoir : Reine sans couronne elle se lance aussitôt vers la conquête de nouveaux royaumes…Luthérienne, chef d’un pays devenu farouchement protestant, elle hésite. La guerre de Trente Ans a miné sa jeunesse. Elle aime les philosophes, reçoit Descartes à Stockholm, écrit à Gassendi, trouve dans la Culture une troisième voie, non religieuse : celle de la philosophie, seule capable d’engendrer le « vivre-ensemble », loin des fureurs réciproques. Elle se convertit au catholicisme, mais… croit-elle à Dieu ?Née trop tôt, avec des idées trop avancées pour son temps, elle fut critiquée par les protestants, déçus de sa conversion ; par les catholiques, déçus par ses réflexions ; par les femmes, jalouses de sa liberté ; par les hommes, intimidés par son esprit. Et alors on commença à broder, voire à médire.Homosexuelle ? Lesbienne ? Pourquoi pas hermaphrodite aussi ? Folle bien sûr ! Dévoreuse d’hommes ! Boulimique ! Athée ! Meurtrière ! Débauchée ! Un fossé se creusa alors entre les témoignages tous élogieux de ses contemporains et les inventions de ses biographes, plus romanciers -férus de sensationnel- qu’historiens, passionnés d’authenticité. D’où ce livre qui tente de résoudre tous ces paradoxes et surtout de réhabiliter une femme qui fut l’honneur de son Temps.
Le génie d’Ampère brille sur la physique et notre monde moderne depuis qu’il a découvert les lois de l’électrodynamique en une semaine à partir de ce jour de septembre 1820, des lois qui permettent de comprendre les liens indissolubles qui lient les phénomènes électriques aux phénomènes magnétiques. Mais Ampère, incroyablement, est bien plus qu’un génie de l’électricité, un domaine qui d’ailleurs ne le passionne pas plus que ça ! Psychologie, religion, histoire naturelle, philosophie, Ampère aime toutes les disciplines même s’il se rêverait bien chimiste !Professeur de physique, de mathématiques, de logique, de philosophie, inspecteur des universités, en une trentaine d’années, le génial, le distrait, le maladroit bonhomme qu’est Ampère est admis dans toutes les institutions savantes remarquables de son temps : École polytechnique, Académie des Sciences, Collège de France. Alors que l’homme semble remarquable, fulgurant, il dévoile une vie personnelle aussi inattendue que proche de celle de chacun d’entre nous : endetté, marié, veuf, divorcé, victime de violence familiale, obligé de cumuler les emplois pour subvenir aux besoins de sa famille, Ampère rêve toute sa vie d’être heureux, d’être aimé et entouré ; d’avoir un jardin à cultiver…Plonger dans la vie d’Ampère c’est suivre les aventures ordinaires d’un homme extraordinaire…À moins que ce ne soit l’inverse.
La vie de Socrate se confond avec l'histoire d'une cite´, Athe`nes, de son apoge´e dans le premier quart du Ve sie`cle avant J-C, a` sa chute et a` sa de´faite, a` la toute fin de ce sie`cle. Avec lui naquit la philosophie moderne, centre´e sur l'homme et sur la morale. Pourtant Socrate, qui fut essentiellement l'homme d'un lieu et d'une e´poque, incarne une figure universelle : il est pour nous LE philosophe par excellence. Son destin ne s'acheva donc pas en ce jour de 399 ou`, dans sa prison pre`s de l'agora, il dut boire la cigu¨e ; bien au contraire, commenc¸a alors pour lui une longue migration qui, de ses disciples du quatrie`me sie`cle avant J-C a` ses plus lointains he´ritiers du vingt-et-unie`me de notre e`re, allait le conduire de la cite´ d'Athe`nes a` la Romanite´ toute entie`re, puis a` l'ensemble du monde occidental. De l'homme historique, on ne connai^t que les grands traits : sa naissance, sa famille, quelques anecdotes... Comme on le sait, il n'a rien e´crit, et n'a laisse´ aucune trace mate´rielle ; tre`s vite, donc, d'autres que lui se sont employe´s a` construire sa le´gende, fluctuante, contradictoire : tour a` tour he´ros et martyr, asce`te et de´bauche´, figure christique et sans-culotte, oligarque et champion de la liberte´ d'expression, en somme, a` chacun « son » Socrate... Nous retracerons ici quelques e´tapes de la vie d'un homme, mais surtout d'un mythe de vingt-cinq sie`cles, sans cesse recommence´, et toujours neuf.
Jeune pucelle venue des marches de Lorraine, Jeanne d'arc connaît un destin exceptionnel.
Sa rencontre avec le dauphin à Chinon, ses faits d’armes qui conduisent à la libération d’Orléans, menacée par les Anglais (1429), son héroïsme et son charisme aux côtés des soldats français (1429-1430) ont eux aussi marqué les contemporains et contribué à forger les mythes à travers les siècles.Le destin de la « Pucelle d’Orléans » apparaît hors du commun dans le contexte de la fin du Moyen Âge : cavalière portant des habits d’homme, à la tête de troupes d’armes, côtoyant les plus grands du royaume (dont Gilles de Rais), Jeanne d’Arc n’en demeure pas moins une jeune femme pieuse et profondément animée par la mission que les voix lui confient (rétablir l’autorité du dauphin et libérer le royaume de la présence anglaise).Après un procès mené à charge au début 1431, Jeanne d’Arc est brûlée vive en place publique à Rouen. Débute alors une véritable épopée, alternant des phases de repli et de renouveau, au gré des siècles. Béatifiée à la fin du XIXe siècle, Jeanne d’Arc devient sainte en 1920. Son histoire n’est pour autant pas close et continue aujourd’hui encore de fasciner avec de nombreux mystères.
Dressé par des biographes résolument hostiles à cet Auguste syro-africain, le portrait de Caracalla (188-217), fils aîné de l’empereur Septime-Sévère, ressemble à s’y méprendre à celui d’un Néron ou d’un Commode.L’historiographie, en effet, le dépeint comme un tyran et un soudard irascible et violent, un gnome meurtrier de son frère cadet, persuadé d’être habité par l’âme d’Alexandre le Grand. S’il est vrai que ce prince honni, fils aîné de l’empereur Septime-Sévère, est loin d’être un agneau sans taches, il promulgua pourtant une loi fondamentale, l’Édit de Caracalla, accordant à tous les hommes libres de l’Empire le droit de citoyenneté romaine. Comment expliquer qu’un être si détestable ait pu élaborer une loi si généreuse ?L’auteur s’emploie, dans cette biographie consacrée entièrement au bâtisseur des célèbres thermes qui portent son nom, à dresser un portrait nuancé du jeune prince devenu empereur au début du IIIe siècle après J.-C. Avec un regard original et un ton résolument épique, il présente les ressorts intimes d’une personnalité hors normes, offrant aux lecteurs le visage singulier d’un homme passionné par les arts et la guerre, attentif au sort de ses soldats et des plus humbles. Tout en circonvolutions, il reconstitue avec un soin minutieux les réseaux d’influence, les querelles de famille et de pouvoir, l’environnement politique, religieux et social d’un Empire menacé de toutes parts.Mais Caracalla garde heureusement une part de mystère et de noirceur sur laquelle l’auteur parvient à lever un coin du voile. De saint Augustin à Régis Debray en passant par Chateaubriand et Charles de Gaulle, il montre comment le célèbre Édit de Caracalla continue de fasciner et d’alimenter le débat public.
Construite de son vivant, à la fois par le savant lui-même et la société dans laquelle il déploie une activité étonnante, la légende de Pasteur a obscurci la personnalité, les enjeux de son œuvre, et jusqu’à ses réalisations elles-mêmes. Il faut ainsi restituer le triple combat que Pasteur a mené toute sa vie:Combat pour la vérité, en raison des illusions inhérentes à la découverte scientifique, de la pauvreté matérielle des laboratoires et de la précarité d’une existence marquée par la maladie et l’omniprésence de la mort.Combat pour faire admettre ses découvertes par une communauté savante divisée, dans un contexte hautement concurrentiel, qui oblige le savant à déployer des trésors d’imagination pour imposer ses solutions.Combat pour se faire reconnaître comme étant celui qui apporte les preuves décisives, malgré les polémiquesincessantes, une presse longtemps sceptique et les divisions internationales.À l’occasion du prochain bicentenaire de sa naissance, cette enquête permet non seulement de suivre le savant dans l’enchaînement de ses découvertes et de ses luttes, mais aussi de comprendre la part exacte de ses apports personnels, grâce à une attention spéciale accordée au contexte économique, politique et intellectuel dans lequel il a su s’insérer. Le livre se double d’une réflexion sur le rôle du grand homme dans l’histoire, les causes et la signification du processus d’héroïsation.Présent au cœur des décisions de Pasteur, le mythe permet paradoxalement de s’approcher de l’homme, de ses tourments et de ses contradictions. La connaissance de ses faiblesses rend d’autant plus impressionnante l’ampleur de ses accomplissements.
Auguste (27 avant notre ère/14 de notre ère) est le premier prince romain. Traditionnellement présenté comme froid, calculateur, manipulateur et hypocrite, parfois comme un caméléon, il s’avère être une personnalité infiniment plus complexe. Il est un enfant de la crise et un protagoniste des guerres civiles qui suivirent l’assassinat de César en 44. Mais les forces de destruction peuvent aussi être des forces de régénération. Sorti vainqueur de la lutte contre Brutus, puis contre Cléopâtre et Antoine, le jeune César a prétendu être l’émule de Romulus, refonder Rome et l’amener vers un nouvel Âge d’or. C’est en homme providentiel, en instrument des dieux, qu’Auguste a souhaité se présenter. Celui qui accrut l’empire romain comme personne ne l’avait fait jusque-là fut par ailleurs le créateur d’un régime nouveau, le Principat, destiné à vivre jusqu’à la fin de l’Empire romain. Il est en même temps à l’origine d’une restauration destinée à répondre à une crise multiforme, tout à la fois politique, religieuse et morale. Enfin, Auguste fit de Rome une véritable capitale d’empire, capable de rivaliser, par sa splendeur, avec les cités grecques.Cette biographie suggère que, tout en ayant été le père d’un régime de nature monarchique, Auguste fut aussi et surtout un prince républicain, un homme toujours soucieux d’ancrer ses nombreuses réformes dans la tradition romaine, posture qui n’interdisait en rien l’innovation. Mieux encore, c’est le portrait d’un homme soucieux des attentes parfois contradictoires de ses contemporains qui se dessine : Auguste a su se glisser dans les plis d’un costume dont il ne fut pas seul maître du patron.
Philippe Auguste, héritier de la politique de ses ancêtres depuis 987, est incontestablement « le premier grand Capétien ». Il opère une véritable rupture dans le fonctionnement de l’État dont il a une « haute conception » : une monarchie administrative, une souveraineté affirmée, une centralisation effective avec Paris comme capitale…Grâce à ses conquêtes territoriales, surtout contre les Plantagenêts, il accroît nettement les revenus de la couronne débouchant sur une politique empirique. Éclairé par de fidèles serviteurs dévoués, il impose progressivement sa volonté. Habile stratège, doté de nombreuses qualités, il n’en reste pas moins homme avec ses défauts, rencontrant de nombreux problèmes, entre autres sur le plan conjugal.Enfin, Philippe a bénéficié d’un contexte favorable (croissance économique, rayonnement culturel et artistique…) qui lui a permis de devenir sans conteste un homme d’État. Cependant, malgré ses mérites, il restera dans l’ombre de son petit-fils canonisé, Saint-Louis : même sa propre victoire à Bouvines en 1214 et surtout le mythe qui en a découlé, ont éclipsé sa propre gloire.L’auteur, confronté aux sources contemporaines panégyriques, a tenté de démêler le vrai du faux en s’appuyant sur la chronologie, il a pu mettre en valeur la ténacité royale durant son règne (1180-1223), l’un des plus longs de l’Histoire de France.
Du Guesclin a été étroitement mêlé à l’histoire du duché de Bretagne, du royaume de France et de l’Europe. Né autour de 1320 dans une famille de la petite noblesse bretonne, il a gravi tous les échelons de la hiérarchie militaire pour accéder au grade de connétable. Il a joué un rôle de premier plan dans la guerre de succession de Bretagne puis dans celle de de Cent Ans. Il a mis un terme à la série de défaites françaises et dirigea, sous le règne de Charles V, la reconquête des territoires perdus. Il intervint aussi en Espagne pour soutenir Henri de Trastamare, prétendant au trône de Castille et conduisit outre-Pyrénées les grandes compagnies qui dévastaient la France. Alors qu’il était chargé de faire appliquer la décision royale de confiscation du duché de Bretagne, son inertie le rendit suspect dans certains milieux de la cour et il reçut pour mission de combattre les compagnies de routiers retranchés en Auvergne.Après sa mort en juillet 1380, devant la forteresse de Châteauneuf-de-Randon, sa mémoire a été vénérée à presque toutes les époques. Cependant nos contemporains n’en ont souvent qu’une vision réduite à quelques images d’Épinal : le dogue de la forêt de Brocéliande multipliant les coups contre les Anglais, le vainqueur de Cocherel, le prisonnier fixant sa rançon à un chiffre astronomique, le chef de l’expédition en Castille. Cette biographie, qui exploite des données récentes de la recherche, révèle une personnalité plus riche et plus diverse que ne le laissent entendre les récits traditionnels. Elle s’efforce de faire le départ entre la réalité historique et les légendes colportées au cours des siècles. Elle décrit les mécanismes par lesquels s’est construite l’image du héros breton. Ce dernier a incarné l’idéal chevaleresque à une époque marquée par de profondes mutations de la vie politique et de la société militaire.
La collection Biographie et mythes historiques propose des ouvrages historiques, rédigés par les meilleurs spécialistes, et destinés au grand public passionné d'histoire. Cet ouvrage permet d'appréhender la vie de Bismarck, premier chancelier d'Allemagne et homme au destin politique singulier en abordant les multiples facettes de cet homme :
Son ambition d'accroître la puissance de son pays, il préside pourtant en 1871 à la naissance d'un Empire allemand ;
La célébration comme père de la nation allemande ;
La démesure et les jugements hors-normes qu'il suscite depuis un siècle et demi.
Par la confrontation des sources, cet ouvrage vise à démêler ce que l'on croyait savoir de ce que l'on peut apprendre de nouvelles archives.
Un ouvrage qui vise à rétablir l'histoire qui se cache derrière le mythe.
Commode (161-192) est l’un des empereurs romains à la réputation la plus détestable. Dès l’Antiquité il figure en bonne place dans la liste des mauvais empereurs fixée par des historiens tous issus de l’ordre sénatorial qui fut persécuté sous son règne.
Cette tradition fut relayée à l’époque moderne par des auteurs comme Edward Gibbon ou Ernest Renan, qui firent commencer le processus de la chute de Rome à l’avènement de Commode.
Sa destinée est d’autant plus étonnante que tout aurait dû en faire un empereur modèle : fils de Marc Aurèle, idéal du prince sous l’Antiquité, premier empereur à être « né dans la pourpre », il fut associé dès l’âge de seize ans à l’exercice de la fonction impériale.
Mais les difficultés multiples rencontrées au cours de son règne, annonciatrices de la crise traversée par l’Empire au siècle suivant (menaces barbares aux frontières, pandémies, changement climatique), l’obligèrent à affirmer de manière spectaculaire le caractère providentiel du pouvoir impérial. Cette manière très novatrice d’incarner la fonction, qui sera amplifiée par ses successeurs, suscita contre l’empereur de nombreux complots qui aggravèrent le déséquilibre mental du prince. Fondamentalement transgressif, Commode s’identifia à Hercule et, à la toute fin du règne, s’exhiba en gladiateur. C’est cet aspect de son règne que le cinéma a retenu en priorité : l’énorme succès du film Gladiator (1999) de Ridley Scott a contribué à assurer une renommée planétaire à Commode et à façonner l’image, en grande partie mythique, d’un empereur décadent assassiné en pleine jeunesse. Ni réhabilitation ni portrait à charge, cette biographie cherche à replacer Commode dans son contexte.Philippe Tarel est agre´ge´ d’Histoire, docteur en Histoire romaine (Paris I), professeur d’Histoire en classes pre´paratoires au lyce´e Champollion de Grenoble.
Ambroise Paré (1510-1590), chirurgien et écrivain, a traversé son siècle dans le contexte tumultueux et changeant de la France de la Renaissance. Barbier - chirurgien d’origine modeste, il entre tour à tour au service de trois grands seigneurs, avant d’être promu chirurgien ordinaire du roi Henri II. Reçu maitre en chirurgie par le Collège de Saint-Côme, il conserve ses fonctions auprès des trois souverains suivants : François II, Charles IX, qui le nomme premier chirurgien, et Henri III dont il devient l’un des conseillers. Ses qualités d’observation, sa curiosité, sa participation à plus de quinze batailles et sièges pendant les dernières guerres d’Italie et les guerres de religion en font un témoin privilégié des évènements marquants de son époque. Son talent et ses innovations de praticien, que la postérité a retenus à juste titre, le désignent comme un des grands chirurgiens de son temps. Trois nouveautés thérapeutiques concourent à sa gloire : la suppression de l’huile bouillante dans le traitement des plaies par armes à feu, la ligature des artères au cours des amputations, l’invention de prothèses pour les mutilés. Mais par-dessus tout, c’est à lui que revient le mérite d’avoir introduit la chirurgie dans le champ de la médecine. Auteur de treize ouvrages originaux rassemblés, de son vivant, dans les quatre éditions successives de ses « Œuvres complètes », il offre au lecteur moderne une vision exhaustive des connaissances médicales à l’époque de la Renaissance. Ecrivant en français, il participe à l’émergence de la langue vernaculaire dans la culture scientifique. Sa stature morale, son ouverture d’esprit, son attachement indéfectible aux auteurs grecs et latins de l’antiquité et sa contribution à l’épanouissement de la langue française font d’Ambroise Paré une figure représentative de la pensée humaniste dans la France du XVIe siècle.
Ce livre replace la vie de Simon Bolivar dans le contexte hispano-américain et européen. En effet le Libertador ne surgit pas de nulle part ; il est le fruit d'une époque travaillée par les idées du Siècle des Lumières des deux côtés de l'Atlantique, et l'expression de la frustration créole. Pas seulement toutefois. La vie de Simón Bolívar se caractérise par la fidélité ; fidélité à son amour de jeunesse – même s'il a aimé plusieurs femmes –, fidélité à son serment de libérer les territoires hispano-américains sous emprise espagnole, fidélité à son ambition d'instaurer un système républicain démocratique dans les territoires libérés. Cependant, l'homme qui meurt en 1830 à Santa Marta en Colombie, à l'âge de 47 ans, n'est plus le Héros de la Guerre d'Indépendance des territoires sud-américains, ni le Président/dictateur des Nouvelles Républiques. Il est seul, ou presque. Pourtant une monnaie portera son nom – le bolivar –, ainsi qu'un pays, – la Bolivie – et sa pensée politique sera la référence pour les révolutions du XX? siècle.Le héros est mort de son vivant ; le mythe lui survit.L'auteure dresse le portrait d'un homme épris de liberté, infatigable homme d'action, aimé des femmes et incompris des hommes, tel qu'il apparaît dans ses écrits politiques et sa correspondance. Par ailleurs, l'auteure montre que les utilisations politiques et les représentations artistiques transfigurent Bolívar en héros christique, en Don Quichotte sud-américain ou en Néron délirant, ou, plus prosaïquement, en modèle politique.
Marguerite d’Angoulême (1492-1549) est devenue duchesse d’Alençon par son premier mariage, puis reine de Navarre par le second. Sœur de François 1er, elle est aussi la grand-mère d’Henri IV. Elle reste connue dans l’histoire des lettres sous le nom de Marguerite de Navarre, auteure longtemps oubliée, et d’autant plus que certaines de ses œuvres n’ont été redécouvertes qu’au début du XXe siècle. Aujourd’hui, l’ensemble de ses écrits révèle qu’elle a largement contribué à l’épanouissement de la langue française, tant en ce qui concerne la poésie que la chanson, le théâtre ou le recueil de nouvelles. Sa lecture exige sans doute quelques efforts, mais elle révèle aussi l’un des plus grands écrivains du XVIe siècle, à l’égal de ceux qu’elle a su aider et protéger : Marot, des Périers, Rabelais. La vie de Marguerite ne se résume toutefois pas à son œuvre. Pendant longtemps l’aspect le plus connu de son existence a été son engagement religieux, non pas aux côtés de la Réforme mais au service de l’humanisme chrétien, illustré par ce « groupe de Meaux » qui n’a pu survivre au déchirement de l’Église. Obstinément convaincue par l’œcuménisme, Marguerite s’attire des antipathies d’autant plus profondes qu’elle joue un rôle diplomatique et politique réel, et longtemps sous-estimé. Elle cherche, au beau milieu du XVIe siècle, à transmettre des notions telles que l’importance de l’éducation ou l’égalité des sexes. Au soir de sa vie, elle décrit dans l’Heptaméron, chef-d’œuvre d’humour et de perspicacité, la société de son temps.
Né en 1805, mort en 1859, Alexis de Tocqueville est un témoin privilégié des soubresauts politiques et sociaux qui marquent la première moitié du XIXe siècle français. En un peu plus de 50 ans, il assiste à la chute d’un empire, à l’avènement et à la disparition de deux monarchies et d’une république, au rétablissement d’un autre empire. Auteur reconnu, devenu célèbre principalement pour deux ouvrages, la Démocratie en Amérique, dont les deux tomes paraissent en 1835 et 1840, et l’Ancien régime et la révolution, publié en 1856, il est aussi un acteur, député sous la monarchie de juillet et la deuxième république et même brièvement ministre. Une abondante correspondance permet de mieux comprendre cet aristocrate passionné par la politique et conscient de l’évolution démocratique de la société française. Ses lettres nous font entrer dans le quotidien d’un penseur politique engagé, en ajoutant un caractère intimiste qui n’en rend que plus attachant le portrait final.Arnaud Coutant est professeur de droit public à l’Université de Reims Champagne-Ardenne. Auteur d’une thèse sur la constitution de 1848 et la pensée de Tocqueville, il mène des recherches en droit constitutionnel américain et en histoire des idées politiques.
Le chevalier Bayard est une des figures les plus illustres du roman national. Appartenant à une famille de petite noblesse provinciale, il a gravi les échelons de la hiérarchie militaire et s'est distingué par sa bravoure et son habileté tactique dans les guerres d'Italie et la défense de Mézières. La protection du pont du Garigliano, l'adoubement de François Ier au soir de Marignan, la mort du héros sont dans toutes les mémoires. Bayard incarne les valeurs de la chevalerie française. Depuis sa mort en 1524 il a été vénéré à toutes les époques et sous tous les régimes. La principale source d'informations consiste dans les deux livres écrits par ses premiers biographes, Jacques de Maille et Symphorien Champier. Or ces auteurs entendaient moins faire oeuvre d'historiens que de moralistes. S'ils rapportent des événements dont l'authenticité n'est pas douteuse, ils enjolivent certains faits et content parfois des exploits fantasmés. Ils n'en ont pas moins contribué à construire une légende qui s'est cristallisée au cours des siècles sous la forme d'oeuvres historiques et littéraires. Aussi cet ouvrage entend-il faire le départ entre le mythe et la vérité et reconstruire le personnage authentique tout en étudiant la manière dont sa figure a été perçue à travers les siècles. Il replace Bayard dans un contexte historique marqué par les conflits entre les puissances européennes, par la révolution de l'art de la guerre et par les transformations de la chevalerie. Il fait revivre une époque qui marque la transition du Moyen Âge à la Renaissance.
L’histoire a rarement produit des hommes de cette trempe et d’une telle originalité. On a voulu faire de Fidel Castro un monstrueux dictateur tropical au fond très banal, mais sa vie, certes sans l’absoudre de tout reproche puisque, comme le Prince de Machiavel, il dut ruser et sortir de la stricte morale, nous conduit sur des chemins parfois très inattendus.
Au royaume de l’utopie menacée de régresser vers l’État-caserne après quelques années où les cubains espérèrent un socialisme festif aussi naturel que les palmes, Fidel ne cessa pourtant ni d’espérer vaincre la misère et l’ignorance ni d’affirmer son indépendance. Malgré l’influence du bloc de l’est, il n’eut jamais la servilité des chefs d’états-satellites et, rescapé de Moncada, miraculé du Granma, il oeuvra pour arracher l’Amérique latine, l’Asie et l’Afrique à la malédiction cinq fois séculaire de la colonisation.À deux reprises, dans un élan quichottesque, ses troupes traversèrent l’Atlantique sur de vieux coucous pour combattre aux côtés des angolais sur le continent qui fit naître l’île de Cuba. L’espagnol et galicien Castro devint pour les africains un frère car c’est le combat qui fait l’homme noir et non sa couleur.Ses critiques font valoir d’autres arguments : la dureté des combats menés, l’ère post-communiste et ses renoncements, l’impitoyable corrosion du pouvoir et une réelle rigidité idéologique firent plus qu’égratigner les espoirs des cubains et son image.
Mais il semble qu’au soir de sa vie, retrouvant les racines de sa foi, interpelé par les combats pluriels de la multitude de l’empire global post-colonial, la prise de conscience de ses aveuglements et de la propension de l’homme à l’autodestruction, une nouvelle vision, plus critique, et ses espoirs l’aient embrasé. Faudrait-il pour gagner le monde non point perdre son âme mais la gagner ?
Né en 1466, Érasme est fils d’un prêtre hollandais. Cette naissance «illégitime» devait marquer l’enfant pour toute sa vie. Elle explique les incertitudes concernant sa propre histoire et ses relations difficiles avec l’Église romaine à laquelle il reste pourtant fidèle jusqu’à la fin de sa vie.Devenu moine par obligation, Érasme demande des dérogations pour mener une vie indépendante: ce qui compte pour lui c’est l’acquisition de la culture, tant profane que religieuse, et une liberté d’expression littéraire qui passe par la langue latine, alors langue des lettrés de toute l’Europe. Des protections efficaces lui permettent de découvrir Paris, l’Angleterre et l’Italie.Connu dès 1500 grâce aux Adages, il atteint à la célébrité après 1511 et l’Éloge de la Folie, dont il parlera comme d’un divertissement réussi un peu par hasard. Conseiller de Charles Quint après 1516, il défend une conception évangélique du christianisme ainsi qu’un idéal de paix et de concorde entre les princes européens, gageure impossible au temps des guerres d’Italie.Érasme a fait très tôt figure de chef de file des humanistes. Ses critiques à l’égard du clergé et de la papauté sont aussi féroces que celles de Luther, à qui il oppose le refus du schisme et la notion de libre-arbitre. Son activité épistolière le place au coeur d’une « république des lettres » qui a compté plus de 600 correspondants.
Avocat de formation, savant humaniste par passion, réformateur dans l’âme, expert en chimie appliquée, tout le monde connait Lavoisier. Mais son parcours atypique, ses passions pour les arts et les sciences de la terre, sa volonté de servir l’humanité, le peuple et la nation, sa profonde volonté de changer les choses restent généralement moins connus.
De 1774 à 1794, Lavoisier se retrouve engagé sur bien des terrains à participer à la rénovation continuelle de notre pays : industrie, agriculture, éducation, impôts et finances, Lavoisier est tour à tour ingénieur agronome, physiologiste, conseiller parlementaire ou encore trésorier national. La révolution, Lavoisier ne souhaite pas la faire uniquement en chimie. Et ses collègues scientifiques ou politiques, d’Alembert, Condorcet, Monge, Grégoire mais aussi Roederer, Talleyrand, Mirabeau ou encore le sombre Marat, auront tôt fait de le découvrir.
Aussi, reprendre l’histoire de Lavoisier, c’est retracer le parcours d’un homme inspirant aux multiples facettes dont l’héritage a profondément influencé notre culture moderne.
S’appuyant sur la correspondance de Lavoisier, ses biographies et un grand nombre d’articles historiques, cet ouvrage balaie les différentes facettes d’un homme remarquable qu’on ne peut plus considérer aujourd’hui sans son épouse, ses amis, ses collègues scientifiques comme le simple fondateur de la chimie moderne. Assurément, Lavoisier fut bien plus qu’un chimiste dont l’œuvre reste encore aujourd’hui source d’études, de reconnaissance et de fascination...Éric Jacques est professeur de chimie, analyse et formulation au sein du BTS Métiers de la Chimie du Lycée Louis-Vincent à Metz. Professeur agrégé, formateur en chimie durable et en histoire des sciences, membre du Groupe Histoire de la Chimie de la Société Chimique de France.
Le 4 mars 1883, un journaliste confi ait au président de la République française, Jules Grévy, visitant les ateliers qui fabriquaient la statue de la Liberté, que cette « oeuvre merveilleuse immortalisera le nom de son auteur ».Il se trompait. Dès après sa mort, le nom de Bartholdi disparut. Cet artiste voué aux prouesses monumentales (1834-1904) fut rangé dans la catégorie des « académiques ». Le grand Rodin lui vola la vedette. Commença un siècle de solitude.C’est seulement au début du troisième millénaire que le statuaire et son oeuvre resurgirent. L’installation, en 2012, d’un modèle original de la statue de la Liberté au musée d’Orsay marque le début de la redécouverte. La création du nouveau musée de la Liberté, ouvert en 2019 à New York, s’inscrit dans cette dynamique.Ce livre a été écrit pour réparer un déni de mémoire. Fruit d’une longue enquête qui a mis à jour de nombreux documents inédits, il s’attache à situer l’artiste dans son temps et dans ses réseaux, à révéler ses engagements philosophiques et à décrypter le sens de ses oeuvres.Apparaît alors un homme beaucoup plus subtil et complexe, attachant et généreux, hanté par le souci de l’universalité.