L'exposition proposée par le Mucem en 2022 entend remettre en lumière la figure d'Abd el-Kader dans toute sa richesse et son importance historique et intellectuelle. À l'aide des recherches les plus récentes, de sources nouvelles et de collections inédites, elle déroulera le fil chronologique de sa vie et explorera certains aspects saillants de sa personnalité et de son action en le replaçant dans son contexte historique et géographique méditerranéen, entre Orient et Occident. Par-delà les éloges et les critiques que suscite toute grande personnalité de cette qualité, la fascination qu'il continue à exercer en se jouant des frontières invite à la meilleure connaissance de son expérience d'homme, riche d'enseignement pour les générations actuelles et futures.
"Il y a quarante ans, le voyage d'Égypte était encore un long et difficile voyage. Aujourd'hui, grâce à la vapeur, l'Égypte n'est plus qu'à six jours de la France ; Le Caire n'est plus qu'à une semaine de Paris." Les textes regroupés ici sont tirés de l'abondante littérature en langue française consacrée au voyage en Égypte au XIXe siècle, et sont enrichis par de nombreuses images d'époque, certaines provenant d'illustres photographes visitant le pays. Ces témoignages littéraires s'accompagnent d'une riche iconographie, allant d'Antonio Beato à Francis Frith, en passant par les collections Adli et Gaddis.
Voici le récit de la plus incroyable arnaque perpétrée par le "plus grand faussaire en écritures jamais épinglé", le sieur Denis Vrain Lucas qui fut condamné pour avoir vendu au mathématicien Michel Chasles - celui de la relation du même nom - plus de 27?000 fausses lettres de célébrités allant de l'Antiquité jusqu'à la fin du XVIIe siècle. Cette stupéfiante affaire qui se déroule sous le Second Empire, n'aurait pu se développer sans l'extraordinaire engouement suscité au XIXe siècle par les autographes de personnages illustres.
Faite de longues migrations, de victoires et de défaites, de fondations et de ruines de royaumes, l'histoire des Goths a contribué durant la période décisive des "Grandes Invasions" à façonner le destin de l'Europe. Les Goths ont été bien autre chose que des barbares en quête de butin. Ils ont manifesté des capacités d'adaptation étonnantes, assimilant aussi bien les techniques de combat des nomades de la steppe que les traditions administratives romaines, se dotant lors de leur conversion au christianisme d'une écriture particulière et d'une langue liturgique. D'une façon ou d'une autre, presque toutes les parties de l'Europe continentale ont été marquées durablement par leur action.
Ce ne sont ni des mémoires ni une somme autobiographique. C'est juste un homme qui parle. Mais pas n'importe qui : Daniel Wildenstein, 82 ans, empereur et patriarche des marchands d'art. Basée à New York, la Wildenstein Inc. s'adosse à un stock évalué en milliards de dollars, qui balise près de six siècles de peinture. Petit-fils de Nathan, fils de Georges, « Monsieur Daniel » - c'est ainsi qu'on l'appelle à son institut ou sur les hippodromes - est donc le troisième maillon de la dynastie de marchands de tableaux la plus puissante au monde, et la plus secrète qui soit. Depuis près d'un demi-siècle, et du bout des lèvres, Daniel Wildenstein n'acceptait de parler que de ses chevaux. De rien d'autre. Il ne répondait à aucune question, à aucune attaque, à aucune polémique. Une véritable abstraction vivante. Pour la première fois de son existence, il a brisé son mutisme légendaire. Aujourd'hui, il nous raconte « quelques petites choses vues, entendues ou vécues ». Passent alors dans le paysage : Clemenceau, Picasso, Maurice de Rothschild, Randolph Hearst, Bonnard, Malraux, Paul VI et « quelques » autres... Daniel Wildenstein nous convie à une promenade intime, à travers des instants de sa vie, des portraits, des récits, des éclairages, des révélations, des réflexions. Et promène son oeil aigu de faucon pèlerin sur la fabuleuse planète des arts.
Il y a dans le monde presque autant d'ouvrages sur Charles de Gaulle que sur Napoléon ; et pourtant, le Général reste une énigme pour la plupart de ses compatriotes. Quel meilleur moyen de le redécouvrir que de le laisser parler ?
Bien sûr, comme pour la plupart des grands personnages de l'histoire contemporaine, le flot des paroles et des écrits du général de Gaulle est si abondant qu'un voyage accompagné s'impose. Il permet de séparer l'essentiel de l'accessoire, de replacer ses propos dans leur contexte, puis d'en commenter la pertinence et la portée. Les citations sont ordonnées par thèmes, et l'ordre chronologique dans chaque chapitre donnera au lecteur la possibilité de suivre l'évolution des réflexions gaulliennes sur plusieurs décennies.
Qu'il s'agisse de son autoportrait, de ses prophéties, de l'État, de la France libre, de Vichy, de Churchill, de Staline, de Roosevelt, de l'Allemagne, de l'Union soviétique, de l'Angleterre, des États-Unis, du parti communiste, de l'Algérie, des politiciens ou de l'humour, les déclarations publiques et les confidences privées de ce personnage d'exception ménageront bien des surprises...
« Le plus difficile est de rester réaliste quand on a un idéal, et de garder son idéal quand on voit les réalités. »
« Savez-vous qu'au fond, je suis un timide ? »
« Au début, je n'étais pas très gaulliste. Mais petit à petit, en me regardant faire, je le suis devenu... »
« Il arrive souvent que les intérêts des Français, ou ce qu'ils croient tel, ne coïncident pas avec ceux de la France. »
La collection Biographie et mythes historiques propose des ouvrages historiques, rédigés par les meilleurs spécialistes, et destinés au grand public passionné d'histoire. Cet ouvrage permet d'appréhender la vie de Bismarck, premier chancelier d'Allemagne et homme au destin politique singulier en abordant les multiples facettes de cet homme :
Son ambition d'accroître la puissance de son pays, il préside pourtant en 1871 à la naissance d'un Empire allemand ;
La célébration comme père de la nation allemande ;
La démesure et les jugements hors-normes qu'il suscite depuis un siècle et demi.
Par la confrontation des sources, cet ouvrage vise à démêler ce que l'on croyait savoir de ce que l'on peut apprendre de nouvelles archives.
Un ouvrage qui vise à rétablir l'histoire qui se cache derrière le mythe.
En 1936, Élisabeth de La Panouse se retrouve dans un sanatorium des Alpes, qu'elle appelle une prison médicale. Elle connaîtra plus tard une autre prison, celle-là bien plus grise et sinistre, la prison du Cherche-Midi à Paris sous l'Occupation nazie.Après une enfance dorée dans des châteaux en Touraine, Élisabeth est prise dans la tourmente de la maladie puis de la guerre. Sur fond de la tragédie du réseau du musée de l'Homme, son destin est celui d'une femme moderne, engagée et passionnée. La correspondance amoureuse que nous découvrons pour la première fois entre Robert Debré et Élisabeth est émouvante et poignante.Élisabeth est un véritable bandit d'honneur qui écrit de sa prison ce « petit papier clandestin » pour redonner de l'espoir à ses enfants : « Comme on peut vivre de peu quand on a du soleil dans le coeur ». Cette biographie est parfois tragique, mais toujours lumineuse, comme le sont les deux héros de cette épopée du XXe siècle. L'auteure raconte dans une langue à la fois poétique et tendre, non dénuée d'humour, la vie d'une femme qui prend tous les risques en sachant le prix à payer.
Ce livre replace la vie de Simon Bolivar dans le contexte hispano-américain et européen. En effet le Libertador ne surgit pas de nulle part ; il est le fruit d'une époque travaillée par les idées du Siècle des Lumières des deux côtés de l'Atlantique, et l'expression de la frustration créole. Pas seulement toutefois. La vie de Simón Bolívar se caractérise par la fidélité ; fidélité à son amour de jeunesse – même s'il a aimé plusieurs femmes –, fidélité à son serment de libérer les territoires hispano-américains sous emprise espagnole, fidélité à son ambition d'instaurer un système républicain démocratique dans les territoires libérés. Cependant, l'homme qui meurt en 1830 à Santa Marta en Colombie, à l'âge de 47 ans, n'est plus le Héros de la Guerre d'Indépendance des territoires sud-américains, ni le Président/dictateur des Nouvelles Républiques. Il est seul, ou presque. Pourtant une monnaie portera son nom – le bolivar –, ainsi qu'un pays, – la Bolivie – et sa pensée politique sera la référence pour les révolutions du XX? siècle.Le héros est mort de son vivant ; le mythe lui survit.L'auteure dresse le portrait d'un homme épris de liberté, infatigable homme d'action, aimé des femmes et incompris des hommes, tel qu'il apparaît dans ses écrits politiques et sa correspondance. Par ailleurs, l'auteure montre que les utilisations politiques et les représentations artistiques transfigurent Bolívar en héros christique, en Don Quichotte sud-américain ou en Néron délirant, ou, plus prosaïquement, en modèle politique.
La tragique actualité syrienne a ravivé le mythe de Palmyre. Il est devenu urgent de redécouvrir les grandeurs de cette cité gréco-romaine d'Orient aux confins des mondes romain et parthe, puis perse.
La tragique actualité syrienne a ravivé le mythe de Palmyre. Il est devenu urgent de redécouvrir les grandeurs de cette cité gréco-romaine d'Orient aux confins des mondes romain et parthe, puis perse.
Dans cette synthèse historique et archéologique inédite, Christiane Delplace, l'une des meilleures spécialistes du site, met des images sur les mots, fait resurgir les monuments, nous donne à voir l'histoire politique et culturelle.
En réunissant une iconographie rare, l'auteur nous guide dans la suite des histoires palmyréniennes et nous livre les différentes facettes de ce trésor antique. Les grandes étapes historiques de la ville y sont contées de la manière la plus précise : Palmyre avant les Romains et le raid d'Antoine, la montée en puissance de la ville au Ier siècle, son apogée au IIe jusqu'à la percée des périls au IIIe siècle, et son déclin. À chacune de ces étapes, l'auteur nous fait sentir la personnalité de la ville, à travers la place des cultes, du commerce, de la guerre ou des morts. Les monuments sont expliqués, commentés, datés et replacés dans leur contexte. Le sanctuaire de Bêl, les temples, la grande colonnade, les monuments de spectacles, l'habitat ou les tombeaux de Palmyre se relèvent. Les caravanes et les tribus palmyréniennes renaissent. Palmyre scintille à nouveau.
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Mettant son art ancien, le dessin, au service de la science moderne, Jean-Claude Golvin, architecte et archéologue (CNRS), offre ici trois restitutions graphiques majeures de Palmyre et de son environnement.
C'est une saga politique qui est dessinée dans ce livre, au travers du destin d'une famille tenue en esclavage dans l'océan Indien. Il s'agit de Madeleine, jeune Bengalie esclave, vendue en Inde à une femme célibataire, puis à une famille qu'elle accompagne depuis la France jusqu'à La Réunion. Pour elle et pour ses enfants, surtout pour Furcy, son fils benjamin, la question de l'affranchissement est centrale. Après le décès de sa mère, Furcy se lance dans un combat pour la liberté devant les cours françaises et britanniques qui va durer plusieurs décennies. Cette lutte de toute une famille d'esclaves a permis de redéfinir l'esclavage et la liberté au XIXe siècle.
Cet ouvrage d'histoire a obtenu en 2017 le prix Pinkney de la Society for French Historical Studies, en tant que meilleur livre américain en histoire française.
Comment la mobilisation des savoirs et la construction d'une expertise peuvent-elle façonner une trajectoire sociale ? La biographie intellectuelle de Philippe Frédéric de Dietrich (1748-1793) tente de répondre à cette question en examinant le cas du fils d'un riche maître de forges alsacien, souvent présenté comme celui qui aurait délaissé le monde de l'entreprise au profit d'une carrière savante, administrative puis politique. L'observation des pratiques et des habitudes de travail de Dietrich met en lumière ses liens avec plusieurs collectifs de pensée : les naturalistes, les minéralogistes, le groupe de l'Arsenal, les bureaux du Contrôle général, les hommes des mines et les réformateurs influencés par le caméralisme d'outre-Rhin. L'examen de ses écrits permet de cerner la façon dont il a établi sa position à la confluence de plusieurs mondes. Par ses entreprises de traduction, il a contribué à la circulation de savoirs entre l'espace germanique et la France. Ses mémoires rédigés pour le contrôle général témoignent de sa lecture économique des ressources minières, de même que ses efforts pour élargir aux techniques le corpus des savoirs mis à la disposition de l'État monarchique. Au début de la Révolution, il tente de concilier réformes et carrière personnelle. Entrepreneur des savoirs, Dietrich l'est donc à plus d'un titre et son parcours, des années 1770 aux années 1790, offre un observatoire privilégié de ce qui se joue dans le dialogue entre savoirs et pouvoirs.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Ce livre présente la vie et l′oeuvre de Lilian Silburn (1908- 1993), une des plus grandes indianistes françaises, spécialiste du shivaïsme du Cachemire, du tantrisme et du bouddhisme. Philosophe de formation, directeur de recherches au CNRS, Lilian Silburn s′est très tôt tournée vers les philosophies orientales. Elle fut une des premières à faire connaître en Occident les écrits des philosophes mystiques cachemiriens. Elle fut aussi disciple d′un grand maître soufi indien, Radha Mohan Lal Adhauliya, auprès de qui elle fera de nombreux et longs séjours jusqu′à sa mort en 1966. Composé d′un grand nombre d′écrits personnels jamais publiés à ce jour, le livre nous présente le témoignage d′une expérience spirituelle et philosophique exceptionnelle. Il évoque aussi l′atmosphère de la vie qu′elle mena au Vésinet après la mort de son maître, vie simple, active, adonnée à ses travaux scientifiques. Entourée d′amis qu′attiraient sa personnalité et son efficience, Lilian Silburn s′attachait à leur faire découvrir, au sein du silence et des formes les plus variées de la vie ordinaire, la voie qui lui avait été révélée par son maître. Illustré par des photographies, l′ouvrage comporte des témoignages variés qui complètent le regard porté sur cette personnalité hors du commun, à la fois grand savant et grande mystique.
À l'occasion du centenaire de la mort du sultan Saïd Ali, Thoueybat Saïd Omar-Hilali porte la lumière sur une injustice. Saïd Ali fut victime d'un complot orchestré par la cupidité d'un milieu affairiste, largement soutenu par la politique colonialiste du Pavillon de Flore et facilité par la complicité de notables comoriens. Son tort fut d'avoir compris, avant ses compatriotes, l'importance de la situation hautement stratégique de l'archipel. En son âme et conscience, il opta pour le protectorat de la France plutôt que pour celui d'une autre puissance.
Le chevalier Bayard est une des figures les plus illustres du roman national. Appartenant à une famille de petite noblesse provinciale, il a gravi les échelons de la hiérarchie militaire et s'est distingué par sa bravoure et son habileté tactique dans les guerres d'Italie et la défense de Mézières. La protection du pont du Garigliano, l'adoubement de François Ier au soir de Marignan, la mort du héros sont dans toutes les mémoires. Bayard incarne les valeurs de la chevalerie française. Depuis sa mort en 1524 il a été vénéré à toutes les époques et sous tous les régimes. La principale source d'informations consiste dans les deux livres écrits par ses premiers biographes, Jacques de Maille et Symphorien Champier. Or ces auteurs entendaient moins faire oeuvre d'historiens que de moralistes. S'ils rapportent des événements dont l'authenticité n'est pas douteuse, ils enjolivent certains faits et content parfois des exploits fantasmés. Ils n'en ont pas moins contribué à construire une légende qui s'est cristallisée au cours des siècles sous la forme d'oeuvres historiques et littéraires. Aussi cet ouvrage entend-il faire le départ entre le mythe et la vérité et reconstruire le personnage authentique tout en étudiant la manière dont sa figure a été perçue à travers les siècles. Il replace Bayard dans un contexte historique marqué par les conflits entre les puissances européennes, par la révolution de l'art de la guerre et par les transformations de la chevalerie. Il fait revivre une époque qui marque la transition du Moyen Âge à la Renaissance.
L’histoire a rarement produit des hommes de cette trempe et d’une telle originalité. On a voulu faire de Fidel Castro un monstrueux dictateur tropical au fond très banal, mais sa vie, certes sans l’absoudre de tout reproche puisque, comme le Prince de Machiavel, il dut ruser et sortir de la stricte morale, nous conduit sur des chemins parfois très inattendus.
Au royaume de l’utopie menacée de régresser vers l’État-caserne après quelques années où les cubains espérèrent un socialisme festif aussi naturel que les palmes, Fidel ne cessa pourtant ni d’espérer vaincre la misère et l’ignorance ni d’affirmer son indépendance. Malgré l’influence du bloc de l’est, il n’eut jamais la servilité des chefs d’états-satellites et, rescapé de Moncada, miraculé du Granma, il oeuvra pour arracher l’Amérique latine, l’Asie et l’Afrique à la malédiction cinq fois séculaire de la colonisation.À deux reprises, dans un élan quichottesque, ses troupes traversèrent l’Atlantique sur de vieux coucous pour combattre aux côtés des angolais sur le continent qui fit naître l’île de Cuba. L’espagnol et galicien Castro devint pour les africains un frère car c’est le combat qui fait l’homme noir et non sa couleur.Ses critiques font valoir d’autres arguments : la dureté des combats menés, l’ère post-communiste et ses renoncements, l’impitoyable corrosion du pouvoir et une réelle rigidité idéologique firent plus qu’égratigner les espoirs des cubains et son image.
Mais il semble qu’au soir de sa vie, retrouvant les racines de sa foi, interpelé par les combats pluriels de la multitude de l’empire global post-colonial, la prise de conscience de ses aveuglements et de la propension de l’homme à l’autodestruction, une nouvelle vision, plus critique, et ses espoirs l’aient embrasé. Faudrait-il pour gagner le monde non point perdre son âme mais la gagner ?
Né en 1466, Érasme est fils d’un prêtre hollandais. Cette naissance «illégitime» devait marquer l’enfant pour toute sa vie. Elle explique les incertitudes concernant sa propre histoire et ses relations difficiles avec l’Église romaine à laquelle il reste pourtant fidèle jusqu’à la fin de sa vie.Devenu moine par obligation, Érasme demande des dérogations pour mener une vie indépendante: ce qui compte pour lui c’est l’acquisition de la culture, tant profane que religieuse, et une liberté d’expression littéraire qui passe par la langue latine, alors langue des lettrés de toute l’Europe. Des protections efficaces lui permettent de découvrir Paris, l’Angleterre et l’Italie.Connu dès 1500 grâce aux Adages, il atteint à la célébrité après 1511 et l’Éloge de la Folie, dont il parlera comme d’un divertissement réussi un peu par hasard. Conseiller de Charles Quint après 1516, il défend une conception évangélique du christianisme ainsi qu’un idéal de paix et de concorde entre les princes européens, gageure impossible au temps des guerres d’Italie.Érasme a fait très tôt figure de chef de file des humanistes. Ses critiques à l’égard du clergé et de la papauté sont aussi féroces que celles de Luther, à qui il oppose le refus du schisme et la notion de libre-arbitre. Son activité épistolière le place au coeur d’une « république des lettres » qui a compté plus de 600 correspondants.
Plus ancienne fête de France, traditionnelle et contemporaine, ancrée dans la cité d'Orléans et dans la mémoire vive de ses habitants d'hier et d'aujourd'hui, immuable mais très marquée par les circonstances politiques et sociales de son époque : depuis près de six cents ans, les Fêtes de Jeanne d'Arc mobilisent la population de l'Orléanais et concernent le pays tout entier, dès lors que l'invité du maire saisit sa présidence d'un jour pour parler à tous les Français de leur histoire et de la mémoire nationale.
Si cette libération nous parle, bien loin des tentatives de détournement de l'héritage de l'Héroïne, c'est que les orateurs du 8 mai saisissent cette occasion, depuis 1920, pour évoquer l'actualité, les enjeux du moment, des lendemains de la Grande Guerre à la Reconstruction sur les ruines de la ville martyrisée par la Seconde Guerre mondiale. Cent ans après la venue du maréchal Foch, ces « Voix d'Orléans » rythment des fêtes que seules les guerres ont interrompues et les « malheurs des temps » reportées.
Florilège d'une concordance des temps, les grands discours des maires d'Orléans et de leurs invités civils retracent l'histoire d'une ville, de son rapport à son passé et de son rôle dans la vie de la nation. Même exceptionnellement décalées en automne, à Orléans, les Fêtes de Jeanne d'Arc marquent toujours le sacre du printemps, la ferveur d'une renaissance urbaine et patriotique.
Raconter l'histoire de Tito, c'est revenir sur la dictature militaire mise en place au Brésil en 1964. Installée sous le nom de « révolution rédemptrice », la dictature supprima le Parlement, gouverna par des actes institutionnels et mit en prison les opposants politiques. À cette opposition, va alors s'associer cette partie de l'Église catholique qui avait choisi le christianisme de la libération. Des laïcs, des prêtres et des religieux, notamment des dominicains, en font partie. Ce livre marche sur les traces de l'un d'entre eux, Tito de Alencar.
En 1968, le dominicain Tito a 23 ans quand il s'engage, avec plusieurs de ses frères, dans des actions de soutien à la résistance et notamment à l'Armée de libération nationale (ANL), dirigée par Carlos Marighella. Mais le violent système de répression de la dictature ne tardera pas à l'arrêter, à le ficher, puis à l'emprisonner en novembre 1969. Tito sera torturé ce même mois par l'équipe du commissaire Sergio Fleury, puis transféré en d'autres centres où les actes de tortures reprendront. Il sera libéré mais banni du pays en janvier 1971. Réfugié en France, il se suicida quelques années plus tard. La torture avait réussi à le détruire psychologiquement, transformant sa vie en un enfer de délires et d'hallucinations.
Lors de l'édition brésilienne de cet ouvrage en 2014, des personnalités en ont souligné sa portée. « Le livre a changé la vision que j'avais de l'engagement des dominicains à l'époque » (Bernardo Kucinski, écrivain). « Il n'y a pas dans cette oeuvre matière à spéculations doctrinaires. Tout est direct et vivant, comme se doit d'être le témoignage d'amis et compagnons qui ont partagé dans le danger les mêmes valeurs » (Alfredo Bosi, écrivain, professeur de littérature brésilienne et académicien). « Quel bel exemple de compréhension et de respect de sa tragique aventure chrétienne de liberté ! » (Magno Vilela, historien et ex-dominicain).
Publié aujourd'hui en français, ce livre vaut en lui-même pour l'honneur de Tito. Il vaut aussi comme un appel et une leçon pour notre époque, où la liberté et la justice restent toujours à préserver, ou à conquérir et reconquérir.
Qui était le « formidable » Alexandre Glasberg ? Un émigré juif de l'ex-Empire russe arrivé en France en 1932, devenu prêtre catholique à Lyon. Un polyglotte qui comptait le yiddish parmi ses langues courantes. Un homme d'une audace étonnante qui a sauvé de nombreux Juifs de la déportation pendant l'occupation allemande de la France. Après avoir échappé de justesse aux griffes de la Gestapo à Lyon en 1942, il réapparaît sous un nom d'emprunt, curé d'un village du Tarn-et-Garonne le jour, résistant actif la nuit.
Tour à tour officier de bureau arabe dans le Sud-Ouest oranais de 1875 à 1882, conseiller général en Maine-et-Loire de 1884 à 1914, colonel d'un régiment de la territoriale sur le front en 1914, conseiller historique du gouvernement chérifien après-guerre au Maroc, Henry de Castries (1850-1927) échappe à toute catégorisation simpliste. Aristocrate, il le fut par son maintien en société, mais il devint arabophile au Maghreb, recueillit la parole des gens sous la tente bédouine en ethnographe accompli, et suivit au plus près la pratique du culte des saints dans le Sud marocain. Monarchiste, il fut cependant un ardent partisan de l'expansion coloniale de la France, précipitant le ralliement de son milieu social à l'idée coloniale et à la République qui en était le vecteur. Catholique intransigeant en surface, il devint en son for intérieur un croyant abrahamique pratiquant un monothéisme traversant les confessions, sous l'influence de l'islam. Conseiller général, il se détacha du camp de l'ordre établi et fut l'avocat discret, mais tenace, des sans voix, des exclus.
Grâce au fonds Dampierre, aux Archives nationales, on peut examiner Castries sous toutes ses facettes et arracher l'homme aux stéréotypes. Malgré ces marqueurs puissants que sont l'appartenance à la plus haute aristocratie, au catholicisme de combat et à l'habitus colonial, il se distingua par sa manière de servir en tant qu'officier et conseiller général, d'écouter les gens les plus démunis et de les aider, comme par son attention extrême à ses informateurs « indigènes » qui sont toujours, dans sa quête du savoir, des collaborateurs de plain-pied. Aussi c'est sous un double angle de vue que cette biographie a été composée : un pied dans l'histoire socio-politique de la IIIe République et, au prix d'un pas de côté, l'autre pied dans l'histoire des gens ordinaires.
?Un homme au destin exceptionnel, tel fut Gaston Monnerville, par sa spectaculaire ascension sociale, par l'exemple d'intégration républicaine qu'il représente, par le modèle de vie qu'il nous offre.
Descendant d'esclaves des Antilles, petit boursier de Cayenne, Monnerville devint un avocat à l'éloquence éclatante, défenseur des victimes du racisme, radical-socialiste épris des valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité.?Député de la Guyane puis secrétaire d'État aux Colonies avant la Deuxième Guerre mondiale, il s'implanta ensuite dans le Lot et, pendant près de vingt-deux ans, présida le Conseil de la République, puis le Sénat.
En octobre 1962, Gaston Monnerville s'insurgea contre la décision du général de Gaulle de soumettre à référendum un projet de loi instituant l'élection du président de la République au suffrage universel, jugeant la procédure contraire à la constitution.?C'est la raison pour laquelle il taxa de « forfaiture » - le mot fit mouche - le Premier ministre Georges Pompidou. De Gaulle ne lui pardonnera pas cet affront, et durant plus de six années, Monnerville dut effectuer sa « traversée du désert ». L'avenir et sa « justice immanente » devaient finalement lui donner raison.
Professeur émérite d'histoire contemporaine, Jean-Paul Brunet retrace l'itinéraire exemplaire de cet homme d'État dont la vie fut consacrée à la défense du droit et qui apparaît comme une conscience de la République.
Le tome 5 de cette biographie décrit les événements qui se déroulent de mai 1962 à mars 1969. Il commence avec l'intronisation de l'archevêque de Conakry Mgr Tchidimbo. Avec la France du général de Gaulle, on assiste en 1963 à la signature d'accords bilatéraux, et en 1965 à une rupture des relations diplomatiques. On voit également Sékou Touré célébrer les femmes, radicaliser la Révolution, réprimer sévèrement divers complots, mais aussi concrétiser l'un de ses rêves : la naissance de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) dont Diallo Telli devint le premier secrétaire général.